Comment faire pour que quatre langages (univers des musiques irlandaises et écossaises, flamenco, percussions orientales et musiques d’Auvergne) produisent un récit alternant solistes et unissons, convergences et oppositions… C’est sans jalons préalables que les cinq musiciens du groupe abordent la question. Détenant tous une part de l’histoire musicale, autant à l’aise dans l’exercice du style « pur » de chaque musique que dans l’indécise rencontre des genres, ils prennent parti pour la spontanéité et la singularité des expressions. La force naturelle des rythmes liés à la danse, le caractère modal ou harmonisé mais toujours « moteur » des thèmes traditionnels ou composés à travers la « Babel » des cultures fait le reste. La musique de Voyage de Nuit reflète cette itinérance, d’un territoire à l’autre et d’un interprète à l’autre.
Leur orchestration (flûte, guitare, violon, accordéon, percussions, chants) permet tour à tour de s’unir autour d’un son serré et dense comme un chant profond, de prolonger l’esprit d’une mélodie traditionnelle par les moyens du chœur et du récit et de faire d’un rythme de danse un maître mot.
Le choix de faire se rencontrer ces quatre mondes musicaux à priori différents n’est pas anodin. Le lien entre musique traditionnelle irlandaise et écossaise avec la musique traditionnelle auvergnate est peut être la plus évidente ; construction thématiques et rythmiques similaires, instruments et organologie très proche…
Au delà de cette proximité apparente, ces quatre univers musicaux partagent plusieurs points communs essentiels :
– une dimension rythmique très rattachée à la danse et au chant,
– une écriture modale propre,
– une construction formelle systématique,
– la suprématie du discours mélodique.
De fait, les ponts et moyens de jonctions sont quasi inépuisables : variations mélodiques, rythmiques, superpositions des systèmes de construction… et bien évident la combinaison des timbres si particuliers à chacun des instruments.
Voyage de Nuit propose au final une formule certes multiculturelle, mais cohérente du point de vue de son organologie (les instruments de par leur acoustique naturelle sont parfaitement complémentaires) et de son langage.
